Le Soudan en question
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- Préface : Alain Gresh
Le plus passionnant des terrains de recherche en science sociale, à la charnière de l'Afrique arabisée et de l'Afrique noire, le Soudan connaît, avec la découverte et l'exploitation du pétrole, la plus atroce des guerres civiles du monde contemporain. Au Sud, mais également à l'Ouest et à l'Est, les frontières de l'État souverain se brouillent. En plus des forces armées du gouvernement central islamiste et du principal mouvement de rébellion du Sud, les recompositions prennent des formes inattendues où se mêlent des milices de «défense populaire», des milices armées tribales, des ONG humanitaires, des Églises et une organisation de secours alimentaires, qui intervient en période de famine au nom de l'ONU. Comme si le désordre permanent était nécessaire à la préservation des hégémonies politiques.
Pourtant, lors de la proclamation de l'État indépendant, le 1er janvier 1956, les élites au pouvoir et leurs opposants avaient une culture politique et des pratiques démocratiques. Constitué dès le début du XIXe siècle, l'État gérait un gigantesque domaine irrigué cotonnier dont la production était évacuée par chemin de fer jusqu'à la mer Rouge. Métayers, cheminots, professionnels et «diplômés» jouaient un rôle de contre-pouvoir au niveau central. Dans les campagnes, le lien social se maintenait dans le cadre de la confrérie musulmane et/ou de la tribu. Nomades et sédentaires étaient régis par des droits coutumiers qu'ils reconnaissaient. Mais le Sud, soit un tiers du territoire, soumis dans le passé aux ponctions destinées à la traite de l'ivoire et des esclaves, administré séparément à l'époque coloniale, est travaillé par un mouvement alors séparatiste.
Pourtant, lors de la proclamation de l'État indépendant, le 1er janvier 1956, les élites au pouvoir et leurs opposants avaient une culture politique et des pratiques démocratiques. Constitué dès le début du XIXe siècle, l'État gérait un gigantesque domaine irrigué cotonnier dont la production était évacuée par chemin de fer jusqu'à la mer Rouge. Métayers, cheminots, professionnels et «diplômés» jouaient un rôle de contre-pouvoir au niveau central. Dans les campagnes, le lien social se maintenait dans le cadre de la confrérie musulmane et/ou de la tribu. Nomades et sédentaires étaient régis par des droits coutumiers qu'ils reconnaissaient. Mais le Sud, soit un tiers du territoire, soumis dans le passé aux ponctions destinées à la traite de l'ivoire et des esclaves, administré séparément à l'époque coloniale, est travaillé par un mouvement alors séparatiste.
- Hors collection
- Paru le 24/04/2002
- Genre : Essais et documents
- 304 pages - 140 x 205 mm
- EAN : 9782710324904
- ISBN : 2710324903