Pauv' mec

«Pour la première fois, je me sentais réellement désirable, loin de la petite fille, presque femme. Je me tournai d'un quart de tour et me tordis le cou pour me voir de dos. Pas mal... Afin d'accentuer ma métamorphose, je déposai une ombre grise sur mes paupières, soulignai d'un trait noir la forme de mon œil et terminai en allongeant mes cils à l'aide d'un mascara.»
Maïté, sa mère, l'a inscrite au registre d'état civil sous le prénom d'Alpha.
Elle a douze ans quand ses tantes l'accusent de perversité. Elle a quatorze ans quand Serge, l'amant de sa mère, se glisse un soir dans son lit en l'appelant «ma Biche».
Elle a dix-huit ans quand Hubert, son ex-professeur d'histoire, la retrouve à la sortie de l'école, et l'embrasse en lui chuchotant à l'oreille : «ma Puce».
Entre-temps, Alpha a été déçue par Serge et Maïté a été déçue par sa fille.
Garce ou petite fille abusée? Pauv' mec décrit crûment les embûches sentimentales d'une adolescente d'aujourd'hui. Décors, situations et dialogues sont ici au diapason du quotidien, sans tricherie «littéraire». On y retiendra la dévorante candeur de l'une et la lâcheté des autres. Les rôles restent interchangeables. Déjà, de son temps, Balzac l'avait noté : «En amour, il y en a toujours un qui s'ennuie et un qui souffre.»