Nil, doux Nil

Est-il vrai qu'un amour moderne ne puisse être un amour romantique? Est-il vrai que l'âme moderne ait perdu ce goût de l'analyse de soi-même au plus profond des orages du cœur? Pour éprouver jusqu'à l'exaltation le besoin d'une foi intacte, d'une estime réciproque totale, peut-on ne plus accepter l'amour lorsqu'il s'offre dépouillé de cet idéal qui lui avait permis d'être? Eût-il été plus humain de ne pas élever à ces hauteurs du sentiment ce qui, au fond, n'avait été qu'une simple aventure et de se comporter en sceptique souriant, soucieux avant tout de n'être pas dupe fut-ce d'un mirage occidental?
À toutes ces questions l'auteur de Nil, doux Nil répond «non» par la bouche de son héros, esprit probe qui, conduit par le seul souci du vrai, raconte ce qui lui advint au bord du Nil.
«L'Égypte ne m'a rien donné», disait Barrès en revenant de là-bas. À l'auteur de ce livre l'Égypte a donné non pas les facilités d'un artificieux orientalisme mais un fond de merveilleux qui enveloppe son récit et le fait arriver en plein courant du rêve, tel ce Nil qui de son mouvement uni passe comme passent les forces qui gouvernent un monde...