Le fou de la montagne

«Au temps où Ngakola l'ogre aux pieds palmés, Kalekumba nain difforme génie de la chasse, et leur vassal Galabouba maître du feu, des tourbillons et du vent, officiaient sur le Mont Angbondo, un homme qui s'y était perdu demanda son chemin à un passant afin de rejoindre son clan.
"Laisse-toi guider par le soleil, douze jours durant", lui avait répondu l'inconnu.
On ne savait pas grand-chose au sujet de cette rencontre ; personne ne connaissait celui qui avait donné le conseil, encore moins celui qui l'avait reçu, mais les habitants de la contrée surnommaient l'égaré Eyé Iri – l'homme fou – ou Eyé Kpé Manda Alo – l'homme qui court après le soleil.»
Surnoms dont hérite tout naturellement l'ancien coureur de brousse Bertrand Tramon lorsque, se sachant condamné par la médecine, il choisit de finir sa vie sur les pentes mythiques de cette montagne abandonnée «à la domination des forces occultes». Il y est rejoint par un vieil Africain ayant longtemps vécu en Europe et désireux de savoir si ce blanc, dont on parle tant, diffère vraiment de ceux qu'il a connus. Une amitié se noue sur la base de ces deux destins asymétriques, admirablement restituée dans ce roman d'une construction subtile et d'une grande densité d'écriture.