La longue mémoire

Que peut ressentir au seuil de l'été de 1960 un jeune Parisien débarquant dans le Sud algérien, près de l'oasis d'Aïn-Sefra, pour deux longues années de service militaire?
Ses amis de fac, restés à Paris, songent à leurs plans de carrière et découvrent la société de consommation tandis que la jeune fille qu'il aime lui devient peu à peu étrangère.
À Oran, les filles, aux terrasses printanières, font regretter l'insouciance des derniers mois de la vie civile.
Embarqué à bord du fameux hélicoptère armé «Pirate», Philippe va vivre une aventure hors du commun.
Mais la métropole paraît étrangère à cette drôle de guerre. Lui-même mène le baroud sans adhérer à une cause. Il éprouve assez tôt les contrastes de la bataille : la fièvre du mitrailleur rechargeant son arme dans le bruit du rotor et sous les rafales qui fauchent les équipiers, la jouissance et le dégoût devant la mort des uns et des autres, les petites banalités en pleine action.
Des banalités, des instantanés, qu'il mettra vingt ans à oublier, vingt ans pour se rappeler, lui, au cœur de l'aventure algérienne qui, pour des milliers de jeunes Français, aura été la plus marquante des aventures sans suite.